https://www.youtube.com/watch?v=xazORu_Fzl4
Bonjour tout le monde. Ces derniers temps,
j’entends de plus en plus souvent cette phrase “Les aménagements cyclables coûtent cher
et c’est les automobilistes qui sont les vaches à lait et qui payent tout. Il
faudrait que les cyclistes payent leur part.” [Homme interviewé] “Ils utilisent les
routes comme nous tous et on a fait beaucoup de travaux pour qu’ils puissent avoir des vélos,
il n’y a pas de raison qu’ils ne payent pas” Aujourd’hui, je vous propose donc de faire
le point pour savoir ce que coûte vraiment le vélo à la collectivité, et si taxer ce
mode de transport serait une bonne idée.00:00:24
Pour mieux comprendre le coût du vélo, il faut faire la balance entre les frais et les gains. Et plus intéressant encore, ce que ça ne coûte pas ; car pour que l’équation soit complète, il faut le comparer aux autres modes de transport individuel. Merci à tous ceux qui me soutiennent sur les plateformes et qui rendent ce contenu possible. Vous pourrez retrouver leur nom au générique. Et merci également aux abonnés actuels et futurs qui contribuent à la visibilité de ce travail. Tout d’abord, je vais explorer le coût de ces aménagements cyclables afin de les comparer avec ceux des véhicules motorisés. En faisant cette comparaison, on se rend compte que l’on peut faire 12,5 km de piste cyclable pour 2,5 km de route. C’est en moyenne 5 fois moins cher pour créer un nouvel aménagement. Et là, certains vont me dire : “Non mais attends, c’est normal parce qu’une piste cyclable, c’est moins large qu’une route. Et on peut pas vraiment faire de comparaison entre ces modes de transport parce que de toute manière, c’est moins efficace”.
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Alors oui, c’est vrai, c’est moins large. Une piste cyclable, c’est environ 2 mètres de large pour les plus grosses pistes cyclables, contre 3,5 m de large pour les voies à sens uniques motorisées. Mais ce qu’il est intéressant de voir, c’est que malgré cette largeur inférieure, cet aménagement cyclable pourrait accueillir jusqu’à 12 000 personnes par heure contre seulement 1 500 pour les véhicules motorisés.
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Et à Paris, on peut d’ailleurs déjà observer sur certains boulevards que le nombre de cyclistes lors des heures de pointe dépasse déjà le nombre de véhicules motorisés. Et en partant de ce principe, remplacer une voie automobile par une voie cyclable va paradoxalement pouvoir fluidifier la circulation et limiter les congestions. Je tiens aussi à préciser que les transports en commun de surface, comme le bus ou le tram, offrent également une alternative de déplacement plus efficace que la voiture individuelle s’ils ont une voie dédiée. Et pour ce qui est du stationnement, cela coûte aussi cher de construire 100 000 places pour des vélos que 5 000 places pour des voitures, soit 20 fois plus de places pour le même prix. Et pour les parkings couvert, c’est à peu près 25 fois plus de places. Alors, c’est bien gentil que ça coûte moins cher, mais ça ne répond pas vraiment à la question de départ. Qui va payer la facture de ces nouveaux aménagements ? Et c’est là qu’on va commencer à s’intéresser à ce que les aménagements cyclables ne coûtent pas au niveau de la maintenance des routes, notamment. En France, plus de 100 000 agents publics s’attellent à l’entretien de ces aménagements. Les entretiens peuvent être multiples au niveau des dépendances, des ouvrages, du revêtement de la chaussée, des équipements et de l’assainissement. Et ce coût est dépendant du cycle de vie d’une route. Cet entretien doit être constant et régulier environ une fois tous les quatre à six ans, avec une durée de vie moyenne de 25 ans. Et la détérioration peut être plus lente ou plus rapide selon la fréquence de passage des véhicules. Les aménagements cyclables, eux, ont besoin de beaucoup moins de maintenance. L’état de la chaussée reste stable sur une période de 15 ans avec une fréquentation équivalente et donc le choix de ces aménagements cyclables par rapport aux aménagements pour les véhicules motorisés permettent chaque année à la collectivité de réaliser des économies sur des entretiens qu’elle n’aura pas à faire. L’entretien aura besoin d’être fait trois fois moins souvent sur ces aménagements cyclables et il coûtera 5 fois moins cher à être fait. Et ces entretiens, finalement, ne prennent en compte que l’usure du temps.
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À cela, il faut ajouter les dommages qui peuvent être liés à des accidents. Car quand un cycliste a un accident, généralement, c’est le cycliste qui va repartir avec un bleu et le vélo qu’il va falloir réparer, à l’image de ces poteaux dont je parlais dans ce sujet qui ont mis à mal pas mal de cyclistes parisiens, et qui eux sont restés intacts. Les dégâts matériels pour la collectivité sont alors très faibles et, heureusement, les préjudices corporels sont rarement très élevés. Par contre, quand un accident implique un véhicule motorisé, là la facture monte vite. Et c’est également pour cela qu’une assurance est obligatoire pour conduire ce type de véhicules. Et pour prendre un exemple, en 2018 plus de 30 000 personnes ont eu un accident avec un conducteur non assuré ou qui s’est enfui. Ça représente 119 millions d’euros pour les fonds publics qui ont été mobilisés pour indemniser ces victimes. C’est un chiffre en hausse de plus de 32% en 5 ans. Un simple accident peut provoquer un coût matériel et corporel très important, pouvant dans certains cas atteindre le million. Et entre parenthèses, un cycliste, un piéton et un passager n’ont pas besoin d’une assurance pour se déplacer. D’après la loi Badinter, ces victimes seront indemnisées par les assureurs automobiles, même s’ils sont en tord au moment d’accident, sauf s’il est prouvé que la victime a provoqué volontairement l’accident. Il est important de préciser que c’est uniquement les dégâts corporels qui seront indemnisés. Pour les dégâts matériels, il faut réaliser un constat entre les usagers de la route qui ont eu un accident, comme un cycliste et un automobiliste. Il permettra de définir la responsabilité de chacun et, si jamais c’est le cycliste qui est responsable, c’est son assurance habitation qui prendra en charge les dégâts. Et l’ensemble de ces accidents causés par les véhicules motorisés crée chaque année une charge importante pour la collectivité. Et toujours par rapport à la santé, il y a des coûts que l’on sous-estime comme, par exemple, un mode de vie sédentaire, favorisé par l’usage des véhicules motorisés. Et l’usage du vélo au quotidien pour réaliser ses déplacements permet de limiter ce risque de sédentarité. J’en parlais un petit peu plus en détail dans cette vidéo. Et d’après l’OMS, ça serait 8 milliards d’euros qui pourraient être économisés si chaque citoyen européen pratiquait une activité physique de 150 minutes par semaine. Cela permet de limiter les risques de maladies et améliorer aussi la santé mentale. Et cette économie est basée uniquement sur la sédentarité, et ne prend pas en compte l’impact sur la santé au niveau des émissions carbone et des nuisances sonores. Le coût lié à la pollution atmosphérique s’élève à peu près 100 milliards d’euros selon le rapport sénatorial de 2015, et les déplacements routiers étaient responsables à 31% de cette pollution 2019. Pour les nuisances sonores, on arrive, rien qu’en France, à 155 milliards d’euros de pertes qui sont liées aux troubles du sommeil, aux maladies cardiovasculaires et également à la perte de la valeur immobilière. Ces nuisances et coûts sociétaux pourraient être diminués avec la diminution de ces modes de transport bruyants et polluants. Alors, ça ne peut pas être remplacé en un simple coup de baguette, car les villes doivent proposer des solutions viables pour pouvoir utiliser d’autres modes de transport. Et d’après le ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance, les pistes envisagées pour réduire ces coûts sociétaux sont d’encourager les transports en commun, le covoiturage, l’autopartage, la marche et le vélo. Si on met bout à bout tous ces éléments, ça fait quand même d’énormes économies si on réduit l’usage des véhicules motorisés. Mais on ne peut pas non plus oublier ce que rapportent ces véhicules et, finalement, est-ce qu’ils rapportent plus à la société qu’ils ne coûtent ? Car mine de rien la taxation sur l’essence, l’achat, l’entretien, la réparation des véhicules, les péages, les taxes sur les assurances, le coût de stationnement dans les villes, les verbalisations sont une manne chaque année pour l’État. Et d’ailleurs, ce qui est intéressant, c’est que ces verbalisations permettent de progressivement faire baisser la mortalité sur la route, ce qui diminue également le coût sociétal des accidents. On ne peut pas non plus oublier les aides qui sont données par l’État pour les conducteurs de véhicules motorisés comme, par exemple, le coup de pouce sur le carburant qui a coûté 2 milliards d’aide et qui est une aide très temporaire. Et donc, malgré toutes ces recettes apportées par les véhicules motorisés, selon Bercy, une charge importante reste à la collectivité au vu des coûts précédemment évoqués. Et l’État serait même en train de réfléchir sur l’augmentation de la taxation de ces véhicules thermiques motorisés. Et le Parlement européen est actuellement en train d’étudier comment mettre fin à la vente des nouveaux véhicules thermiques motorisés d’ici 2035. Bon, et pour ce qui est de la solution vélo, au-delà des économies qui sont effectuées, cela permet également d’apaiser les rues et d’encourager les déplacements actifs comme la marche.
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Ces déplacements courts permettent d’augmenter l’attractivité des commerces locaux et de faire augmenter leur chiffre d’affaires. Pour ce faire, il faut que ces aménagements cyclables soient accompagnés de zone piétonne ou de zone à trafic limitée (ZTL). L’exemple de Nantes montre, par exemple, une augmentation du chiffre d’affaires des commerçants après la mise en place d’une zone piétonne. Et qui dit augmentation du chiffre d’affaires dit plus de gains pour l’État, au niveau des taxes. Dans ce, contexte, voir une place de voiture remplacée par 10 places de vélo est plus intéressant économiquement, car ça offrira plus d’opportunités pour consommer localement. Cela peut également encourager le tourisme dans les villes. En offrant des pistes cyclables de qualité, les villes et les régions peuvent attirer des visiteurs souhaitant découvrir leur environnement de manière plus durable et active. Et enfin, un dernier point que l’on oublie souvent est pourtant celui qui impacte profondément notre vie quotidienne et celle des entreprises, c’est les déplacements domicile-travail. Le vélo, ici, permet de réduire les coûts liés à la congestion du trafic qui a un impact sur la ponctualité, et permet également de faire diminuer l’absentéisme d’environ 15% d’après une étude danoise. La productivité sera également améliorée de 6 à 9 % selon une étude menée par le MEDEF pour les employés sédentaires qui se mettront en vélo. Et pour ceux qui dirait “Oui mais moi, de toute manière, je n’utilise pas les pistes cyclables. Pourquoi je devrais payer pour ?” Le fait de ne pas utiliser ces aménagements ne signifie pas que vous n’allez pas profiter des avantages qu’ils offrent. La réduction de la congestion routière peut, paradoxalement, améliorer le temps de trajet pour les automobilistes. À Paris, par exemple, entre 2019 (pré-Covid) et 2021, le temps perdu au volant dans les bouchons à diminué de 15%. La qualité de l’air s’est également vu améliorée pour les piétons et résidents de la ville. Et c’est finalement la même réflexion qui est faite avec les transports en commun ou simplement l’ensemble des aménagements payés par la collectivité. On ne les utilise pas forcément mais on peut en bénéficier au quotidien. En somme, taxer les cyclistes n’est pas une solution viable pour générer des revenus pour la collectivité car les coûts de mise en place seraient probablement plus élevés que les revenus générés. De plus, le vélo peut réduire les coûts pour la société en encourageant un mode de vie actif, en réduisant les coûts liés à la santé et la congestion routière. Ainsi, il est plus judicieux d’investir dans des aménagements cyclables et de promouvoir son utilisation pour économiser de l’argent et améliorer la qualité de vie. Les décideurs publics doivent donc favoriser son usage en investissant dans les infrastructures et en encourageant les citoyens à opter pour des modes de transport plus durables. J’espère que vous avez apprécié ce sujet. N’hésitez pas à me partager en commentaire vos avis et si vous souhaitez aller plus loin vous pouvez retrouver en description de cette vidéo un article qui recense l’ensemble des sources qui m’ont permis de réaliser ce sujet. Je tiens à remercier toutes les personnes qui me soutiennent sur uTip, Tipeee, Twitch, YouTube et Patreon qui me permettent de réaliser ce contenu à plein temps. Et merci aussi aux relecteurs qui vous permettent d’avoir une vidéo sans aucune faute. Il est temps de vous dire à bientôt pour de prochaines vidéos et bonne route.
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[Altis lors d’un live] C’est fou la différence. Comme on peut voir, c’est juste hallucinant. On peut dans un endroit qui est complètement coupé de toute circulation et puis juste après il y a ça …
Source : Youtube
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